Les oiseaux migrateurs : les plus grands athlètes de la planète
A chaque printemps et automne, des milliards d’oiseaux s’élèvent vers le firmament, accomplissant des exploits d’endurance qui dépassent de loin les capacités physiologiques de tout être humain. En fait, les oiseaux migrateurs sont les plus grands « athlètes » de la planète et la quintessence de la résilience. Ces messagers du ciel relient les continents, les pays et les communautés, nous rapportant des histoires lointaines qui nous unissent à travers l’espace et le temps.
De nombreuses cultures autochtones vénèrent les oiseaux migrateurs depuis la nuit des temps, ce qui se reflète dans les rituels et les histoires. Les sociétés occidentales, en revanche, ont largement perdu leur relation spirituelle avec les autres espèces. Cette déconnexion émotionnelle face au monde naturel est sans doute la cause profonde de l’accélération de la crise climatique, de la perte de biodiversité et des extinctions.
De la prise de conscience à l’action : le pouvoir de la narration et du sport
Le pouvoir de la narration créative favorise l’intendance planétaire et promeut des actions de conservation résilientes : le lien émotionnel précède la responsabilité et l’action. L’urgence de la polycrise exige une action de l’échelle locale à l’échelle internationale qui corresponde de manière concertée à l’ampleur du problème. Le sport offre une portée inégalée pour unir et toucher les personnes à travers le monde, comme le soutient l’initiative Sports pour la nature de l’UICN, qui vise à promouvoir une action transformatrice en faveur de la nature dans tous les sports.
Mon moment déclencheur personnel #Sports4Nature a eu lieu en 2021, lorsque je suis tombé sur une carte mondiale des routes migratoires, les voies de migration saisonnières utilisées par des milliards d’oiseaux. En tant qu’écologiste du changement planétaire, j’ai longtemps lutté contre mon incapacité à transformer mes recherches sur l’empreinte planétaire de l’humanité en résultats de conservation résilients. Sans surprise, je n’aurais jamais pu imaginer que le sport, mon autre grande passion, façonnerait fondamentalement mon approche de la conservation. Depuis ce moment crucial, j’ai développé le concept d’une trilogie d’expéditions appelée Wings of Survival (Les ailes de la survie).
Wings of Survival : le projet prend son envol
L’initiative Wings of Survival ouvre une nouvelle voie en reliant de manière unique l’exploration scientifique, les sports extrêmes et l’action de conservation; les oiseaux migrateurs sont au cœur de cet effort. Centrée sur trois expéditions non motorisées le long des routes migratoires, le lien inséparable entre des écosystèmes sains et le bien-être humain y sera décrit de manière unique à travers la perspective des oiseaux. En imitant les voyages ardus et périlleux des oiseaux de rivage migrateurs de longue distance, leurs histoires deviennent plus tangibles et plus proches des nôtres.
L’expédition inaugurale Wings of Survival le long de la route migratoire Pacifique des Amériques, de l’extrême arctique de l’Alaska à la Terre de Feu en Patagonie, doit commencer en juin 2026 et suivre la migration des courlis corlieus. Suivant l’une des plus longues migrations du règne animal, ma partenaire d’expédition et première femme décathlète du Canada, Leanna Carriere, et moi allons parcourir 30 000 km à vélo et en canoë gonflable, nous exposant aux mêmes défis de survie auxquels sont confrontés ces oiseaux majestueux.
En Alaska, nous tirerons parti de la recherche sur le suivi à long terme du courlis corlieu, en équipant jusqu’à cinq individus de dispositifs de suivi. La destination et le sort de ces individus seront complètement incertains, générant un certain suspense quant à savoir si nous nous reverrons au cours de nos voyages parallèles, et même si nous nous retrouverons à la pointe sud de l’Amérique du Sud. Même si le courlis corlieu est actuellement classé dans la catégorie Préoccupation mineure sur la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées™, les populations de l’espèce déclinent rapidement en raison de diverses pressions humaines sur l’ensemble de son aire de répartition. La perte et la dégradation des zones humides côtières, y compris les forêts de mangroves largement menacées, constituent un facteur majeur de déclin, comme le souligne la Liste rouge des écosystèmes de l’UICN.
30x30 en pratique : engagement du public et gestion responsable en mouvement
L’objectif de l’initiative Wings of Survival est d’inspirer et inciter les personnes à aider à protéger et à régénérer 30% de la planète d’ici 2030, conformément aux objectifs de biodiversité 30x30 des Nations Unies et au Programme Nature 2030 de l’UICN. Pour donner vie à nos motivations, nous interagirons avec des personnes sur le terrain et virtuellement, utilisant une narration créative pour semer les graines de la responsabilité et de l’action. Cela comprend la collecte de données scientifiques sur notre corps, notre esprit et notre nutrition à base de plantes, afin de créer une perspective sur les performances remarquables des oiseaux migrateurs.
En tant que membre de la CEC (Commission de l’éducation et la communication) et de la CMAP (Commission mondiale des aires protégées) de l’UICN, l’engagement du public et la protection des Zones clés pour la biodiversité (ZCB) me tiennent à cœur. Le système mondial de ZCB est cogéré par l’UICN et se concentre sur la sauvegarde des endroits les plus riches en biodiversité de la planète. À l’été 2024, Leanna et moi avons parcouru 4 500 km à vélo, d’un océan à l’autre à travers le Canada, pour mettre en lumière 30 ZCB le long de notre trajet de 30 jours. Avec le soutien de partenaires, tels que le Réseau de réserves d’oiseaux de rivage de l’hémisphère occidental, Oiseaux Canada et Environnement et Changement climatique Canada, nous avons diffusé le concept de 30x30 auprès du grand public.
Plus forts ensemble : construire des partenariats
De solides partenariats sont au cœur de l’initiative Wings of Survival, ce qui nous a inspiré à rejoindre le mouvement #NatureForAll de l’UICN (Nature pour tous), un espace de rassemblement permettant aux organisations de présenter des initiatives et d’explorer des moyens de collaborer, comme en témoigne notre récent reportage dans le cadre du Love Fest 2025. En faisant cela, Wings of Survival soutient directement l’ODD 17 (Partenariats pour la réalisation des objectifs) en construisant des passerelles entre les secteurs, les frontières et les disciplines ; de la science de la conservation et des connaissances autochtones au sport d’élite et aux médias, afin de catalyser une action collective en faveur de la nature. Les médias traditionnels, tels que les reportages de la BBC, de CBC et de Conservation Optimism, ainsi que les collaborations sur les réseaux sociaux, sont des outils importants pour accroître le soutien en faveur de Wings of Survival.
Les oiseaux migrateurs ne connaissent pas de frontières, et leur conservation constitue une responsabilité partagée, mais plus encore une opportunité. En tant que membre du Groupe de spécialistes de la conservation transfrontalière de la CMAP-UICN, je m’engage à utiliser l’initiative Wings of Survival comme un moyen d’intensifier les actions de conservation résilientes sans frontières. Les oiseaux migrateurs sont les meilleurs indicateurs de la santé de l’environnement. Il est temps pour nous d’écouter.
Au cours des trois dernières années, la planification et la préparation de Wings of Survival ont été documentées par des producteurs de films internationaux, dans le but ultime de réaliser un film d’expédition professionnel. J’espère avoir l’opportunité d’inspirer, un public international au travers de cette histoire révolutionnaire de merveilles et d’espoir lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN 2025.
Photo : Bill Ault
https://www.wingsofsurvival.com/