Qu’espérez-vous du Congrès mondial de la nature de l’UICN 2025 ? Comment l’événement s’aligne-t-il sur vos priorités pour promouvoir le changement en faveur de la nature et des personnes ?
En tant que Directrice exécutive adjointe du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), mes espoirs pour le Congrès mondial de la nature de l’UICN 2025 sont ancrés dans le besoin urgent d’accélérer une action transformatrice en faveur de la nature et des personnes. Ce Congrès est une occasion unique de galvaniser la volonté politique, l’innovation scientifique et les partenariats inclusifs à un moment où le monde est confronté à une perte de biodiversité sans précédent, à l’instabilité climatique, à une pollution galopante et à des inégalités croissantes.
J’espère que le Congrès servira de plateforme puissante pour traduire les engagements mondiaux, tels que le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal et l’Accord de Paris, en actions concrètes et localisées. Le PNUE se concentre particulièrement sur les solutions intégrées qui s’attaquent à la triple crise planétaire des changements climatiques, de la perte de nature et de biodiversité, y compris la dégradation des sols, et de la pollution et des déchets. C’est pourquoi nous attendons de cet événement qu’il catalyse des initiatives évolutives visant à restaurer les écosystèmes, à améliorer les solutions fondées sur la nature et à renforcer les droits, les connaissances et le leadership des peuples autochtones et des communautés locales.
En outre, ce Congrès s’aligne fortement sur les priorités du PNUE s’agissant de promouvoir l’élaboration de politiques inclusives et fondées sur la science, et de favoriser la collaboration entre les gouvernements, la société civile, le secteur privé et le monde universitaire. Nous espérons voir des investissements renouvelés dans des économies positives pour la nature et inclusives, avec une intégration de la nature dans la prise de décision dans tous les secteurs, de la finance et des infrastructures à l’agriculture et à la planification urbaine.
Une autre priorité clé pour le PNUE est de s’assurer que le multilatéralisme environnemental produise des résultats. Le Congrès offre un espace essentiel pour renforcer la cohérence entre les accords internationaux sur l’environnement, encourager la responsabilité et promouvoir l’innovation grâce à des outils numériques et financiers susceptibles de suivre et amplifier les résultats de la conservation. Les discussions, les engagements et les résultats de ce Congrès s’inscrivent dans la dynamique internationale de renforcement du multilatéralisme environnemental qui culminera lors de la 7e session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, en décembre à Nairobi, au Kenya.
En fin de compte, j’espère que non seulement le Congrès de l’UICN 2025 inspirera l’engagement, mais qu’il aura aussi un impact mesurable, en faisant passer la conservation dans le courant dominant du développement durable. Il doit réaffirmer que la protection de la nature n’est pas uniquement un impératif environnemental, mais un fondement de la paix, de la santé et de la prospérité pour tous. Le PNUE est prêt à soutenir ce mouvement mondial avec la science, les partenariats et le leadership nécessaires.
Comment des événements tels que le Congrès de l’UICN peuvent-ils accélérer l’action et l’ambition en faveur de la nature et des personnes ?
Je crois que des événements comme le Congrès mondial de la nature de l’UICN jouent un rôle crucial dans l’accélération de l’action et de l’ambition en faveur de la nature et des personnes. Ces événements rassemblent les gouvernements, la société civile, les peuples autochtones, les scientifiques et le secteur privé afin de forger des partenariats et catalyser des solutions pour relever les défis environnementaux les plus urgents de notre planète.
Le Congrès fournit une plateforme unique pour aligner les objectifs de conservation sur le programme mondial de durabilité, y compris le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal et le Programme de développement durable à l’horizon 2030. En présentant les meilleures pratiques, en intensifiant les solutions fondées sur la nature et en favorisant les financements innovants, le Congrès contribue à faire passer les engagements de la théorie à la pratique.
Fondamentalement, le Congrès fait entendre la voix des communautés en première ligne du changement environnemental, en particulier les peuples autochtones, les femmes et les jeunes, en veillant à ce que les efforts de conservation soient inclusifs, fondés sur les droits et efficaces. Il aide également à donner le ton aux processus environnementaux multilatéraux en mettant en évidence les innovations scientifiques et les avancées politiques.
Le PNUE considère ce Congrès comme un catalyseur pour une action unifiée et audacieuse. Il renforce l’élan en faveur d’une transition juste vers des économies positives pour la nature et inclusives, et renforce le principe selon lequel la protection de la nature est à la base du bien-être humain et du développement durable. Cette convergence est essentielle pour garantir aux générations actuelles et futures une planète prospère et résiliente. Impliquer le secteur privé et créer de points d’entrée pour les entreprises qui cherchent à s’engager dans des efforts de conservation ambitieux aidera à transformer les idées en actions collectives et significatives.
Quels thèmes du Congrès de l’UICN 2025 vous semblent particulièrement importants pour les efforts actuels de conservation au niveau mondial, et pourquoi ?
Je considère que trois thèmes du Congrès mondial de la nature de l’UICN 2025 sont particulièrement importants pour faire progresser la conservation mondiale : Intensifier les actions de conservation résilientes, Atteindre l’équité et Transition vers des économies et des sociétés positives pour la nature.
Intensifier les actions de conservation résilientes est un aspect essentiel face à l’escalade des changements climatiques, de la perte de biodiversité et de la dégradation des écosystèmes. La conservation doit aller au-delà des efforts à petite échelle pour adopter des approches holistiques au niveau des paysages, qui renforcent à la fois la résilience écologique et le bien-être des communautés. Le PNUE soutient des solutions écosystémiques intégrant la restauration à l’adaptation climatique et à la réduction des risques de catastrophes, en particulier pour les populations vulnérables. La reconnaissance du rôle de la biodiversité trophique et fonctionnelle est essentielle au maintien des services et de la stabilité écosystémiques.
Atteindre l’équité est à la fois une nécessité morale et pratique. La conservation ne peut réussir sans l’inclusion active et le leadership des peuples autochtones, des communautés locales, des femmes et des jeunes. Ces groupes sont souvent les plus touchés par les changements environnementaux, mais sont pourtant des gardiens essentiels de la biodiversité. Le PNUE défend une gouvernance inclusive fondée sur les droits, qui assure un partage juste et équitable des avantages et des responsabilités en matière de conservation.
La transition vers des économies et des sociétés positives pour la nature s’attaque aux facteurs systémiques de la perte de biodiversité. Une redéfinition de la prospérité est nécessaire, pour reconnaître la véritable valeur des écosystèmes sains. La réorientation des flux financiers et des politiques vers la restauration, le renforcement des moyens de subsistance et l’utilisation durable est essentielle à cette transition. Le PNUE travaille activement à l’intégration de la valeur de la nature dans la prise de décision publique et privée, s’alignant ainsi sur l’objectif B du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal et sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Ensemble, ces thèmes jettent les bases d’un nouveau paradigme pour une conservation transformatrice. Le Congrès de l’UICN 2025 offre une occasion vitale d’unifier l’action mondiale autour de ces priorités et de transformer l’ambition en solutions pratiques et évolutives. Le PNUE s’engage à soutenir cet effort par la science, les politiques et les partenariats.