L’équité en action : faire entendre les voix autochtones pour la nature

L’équité en action : faire entendre les voix autochtones pour la nature

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Par S.E. Razan Khalifa Al Mubarak, Présidente de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), Directrice générale de l’Agence pour l’environnement d’Abu Dhabi (EAD) 

En ce moment critique pour la nature, le monde a besoin d’approches de conservation non seulement ambitieuses, mais également équitables et inclusives. C’est pourquoi le leadership autochtone ne fait pas seulement partie de l’ordre du jour du Congrès mondial de la nature de l’UICN, mais qu’il en est au cœur. 
 

IUCN

Les peuples autochtones sont depuis longtemps à l’avant-garde de la gestion de la biodiversité. Leurs modes de vie, leurs traditions et leurs systèmes de gouvernance continuent de protéger bon nombre des sites les plus importants au monde sur le plan écologique. Pourtant, leur leadership a trop souvent été sous-évalué ou négligé dans les processus décisionnels mondiaux.

Le Congrès d’Abu Dhabi offre une occasion de changer cela.

Pour la première fois, l’UICN accueillera un Sommet mondial des peuples autochtones et de la nature, une plateforme coorganisée avec des dirigeants et des alliés autochtones, où les connaissances traditionnelles occuperont la place qui leur revient dans l’élaboration de solutions mondiales en matière de conservation et de climat. Il ne s’agit pas d’un geste symbolique. C’est une reconnaissance du fait que nous ne pourrons pas atteindre les objectifs du Cadre mondial de Kunming-Montréal pour la biodiversité, de l’Accord de Paris ou la propre mission de l’UICN sans le leadership des peuples autochtones.

Le Congrès intervient également à un moment où l’UICN définit son orientation à long terme. Notre Vision stratégique à 20 ans, élaborée dans le cadre d’un processus dynamique piloté par nos Membres, identifie une société plus juste et équitable comme l’un de ses trois principaux résultats. Il ne s’agit pas d’un pilier distinct de notre travail mais d'une question qui sous-tend toutes nos activités. De la gouvernance des aires protégées au rétablissement des espèces, l’équité et l’inclusion doivent façonner nos méthodes, nos partenariats et nos mesures de succès.

En tant que présidente, j’ai pu constater l’intérêt d’intégrer des voix diverses au cœur du travail de l’Union. La plus grande force de l’UICN réside dans ses Membres : des gouvernements, des ONG et des organisations de peuples autochtones travaillant ensemble sous un même toit. Alors que le multilatéralisme fait face à une pression croissante à l’échelle mondiale, l’UICN doit continuer à montrer que la collaboration, le respect mutuel et le leadership partagé sont non seulement possibles, mais essentiels.

L’intérêt manifesté par les Membres pour promouvoir des approches plus inclusives, reflété par exemple dans la motion 107 sur le leadership autochtone et les sites sacrés, démontre l’importance de ces questions au sein de notre Union. Alors que les Membres s’apprêtent à se réunir à Abu Dhabi pour façonner le prochain Programme de travail de l’UICN, le Congrès constituera un moment clé pour faire progresser une conservation à la fois efficace et juste.

Personnellement, je considère le Congrès d’Abu Dhabi comme une occasion d’écouter plus attentivement, de faire entendre les voix sous-représentées et de réaffirmer notre engagement commun en faveur de l’équité en matière de conservation. Soutenir le leadership autochtone n’est pas seulement la bonne chose à faire, c’est aussi le moyen pour nous permettre d’obtenir des résultats plus durables, inclusifs et transformateurs pour la nature et les personnes.