« La nature incarne une promesse de paix, d’harmonie et d’abondance, des valeurs que nous recherchons parce qu’elles reflètent ce que nous aspirons à être : interconnectés, humbles et créatifs. » - Arafet Ben Marzou
Cette réflexion a conclu mon récent discours devant un rassemblement de jeunes militants explorant le rapport de l’humanité à la nature. Cependant, mon parcours a commencé loin des salles de conférence, sur des pistes cyclables traversant les continents. En tant qu’ingénieur devenu explorateur, j’ai découvert la nature comme un langage universel, une grammaire subtile qui façonne nos pensées, notre éthique et nos rêves.
De retour en Tunisie, inspiré par ces expériences, j’ai fondé Exploralis, une initiative innovante qui mêle science, art et militantisme autour du fleuve Medjerda. Grâce à de nombreuses expéditions, nous avons impliqué des écologistes dans des recherches approfondies sur la biodiversité, des artistes dans la capture des dialogues subtils entre les personnes et la nature, et des villageois locaux qui nous ont généreusement confié des histoires et des légendes anciennes. En 2018, notre mission a pris un nouvel élan lorsque nous avons rejoint l’UICN, ce qui nous a permis d’amplifier nos efforts de plaidoyer grâce à son processus de motion influent.
Après des difficultés initiales, notre persévérance a récemment conduit à l’acceptation de notre motion, aujourd’hui soumise au débat et au vote lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN 2025, et qui propose la création d’une plateforme internationale pour la diplomatie de la conservation, un pont essentiel reliant les expériences locales à la gouvernance environnementale mondiale.
À travers des expériences immersives sur le terrain, la Medjerda a révélé des vérités profondes : les complexités de la nature se reflètent dans la société humaine, révélant que la protection de la nature est intrinsèquement liée à la promotion de la justice sociale. Reconnaître cette interconnexion a mis en évidence la nécessité du récit en tant qu’outil puissant pour combler le fossé entre la nature et la société.

Ce constat a inspiré la création d’Ecologia, une plateforme médiatique mêlant des voix de la nature, de la science, du militantisme et de la philosophie. Chaque épisode invite les auditeurs à réinventer leur relation avec l’environnement, en les faisant passer du statut d’observateurs passifs en participants engagés. Alignée sur le thème « Innovation disruptive » du Congrès de l’UICN 2025, Ecologia tire parti de la narration comme catalyseur d’un changement significatif et transformateur.
Dans un épisode particulièrement captivant mettant en vedette le Dr Alejandro Iza du Centre du droit de l’environnement de l’UICN, nous explorons le double rôle de l’eau en tant que ressource vitale et facteur géopolitique stratégique. Cette conversation souligne la fonction essentielle de la diplomatie de l’eau dans la promotion de la coopération internationale, la résolution des conflits et la garantie d’un accès équitable aux ressources essentielles.
Aujourd’hui, quand je regarde la Medjerda, je vois plus qu’un fleuve. Je vois une archive vibrante, reliant notre histoire aux possibilités futures. Mon parcours a renforcé une idée fondamentale : pour faire face à notre crise écologique, il faut réinventer notre relation collective à la nature. Pour protéger véritablement la vie, nous devons d’abord apprendre à raconter ses histoires profondes avec clarté et courage, et un engagement inébranlable.
Le prochain Congrès de l’UICN 2025 offre un espace vital pour élever la diplomatie de la conservation, où les cours d’eau comme la Medjerda ne sont pas seulement des écosystèmes, mais des points de départ pour le dialogue, la coopération et un changement transformateur.